Hymne à la vie! 
Brooklyn Boogie est la fausse suite de Smoke, signée par le tandem Wayne Wang/Paul Auster. Tournée en un temps record avec les mêmes personnages principaux (Auggie, son patron,...) et un panel hallucinant de stars dans des apparitions (Lou Reed, Jim Jarmusch, Madonna, Michael J. Fox,...), elle se révèle être au fil des scènes de la vie quotidienne un formidable portrait de quartier, enjouée et revigorante. Car l'argument le plus persuasif de ce film, c'est sa bonne humeur constante, ses situations drôles et tendres, et son côté autodérisoire lorsque des statistiques plus ou moins dignes d'intérêt sont récitées par les habitants de Brooklyn.
Le lieu central des rencontres entre les personnages, c'est le tabac d'Auggie, cette boutique au coin d'une rue qu'il photographiait chaque matin à la même heure dans Smoke avant d'analyser les changements par rapport à la veille. Ce tabac symbolise l'attachement de l'Homme pour des choses matérielles ou des souvenirs. Par exemple, Lou Reed nous dit qu'il songe à quitter New York depuis 35 ans sans jamais y parvenir; quand Dot tente de persuader Auggie de venir avec elle à Las Vegas, celui-ci refuse, car qu'y trouverait-il de plus que chez lui où il se sent bien? Sans compter que le fantôme de Jackie, le plus grand joueur de base-ball de tous les temps, plane sur la conscience des autochtones, qui en ont même des visions...
La vie est belle, la vie est simple, l'insouciance devrait être le trait de caractère principal de l'humanité, et Brooklyn Boogie en est la parfaite représentation dans un élan de générosité et de fraternité communicatif. Immanquable.
